OBG Event

10 Dec 2012

C’est vrai que bien qu’elle soit en plein essor aujourd’hui, l’Algérie a traversé des crises difficiles pendant les deux dernières décennies. Cette turbulence a exacerbé les problèmes structurels, tels que le chômage, un secteur privé limité, une grande économie informelle et une dépendance aux hydrocarbures. Ces problèmes ont affaibli l’attrait du pays aux investisseurs étrangers, surtout dans les domaines de service et d’industrie. 

Cependant même face à de tels défis, et malgré le ralentissement global et le printemps arabe, à la fin de 2012 l’Algérie est un pays qui est non seulement stable d’un point de vue politique – ce qui est rare dans la région en ce moment – mais qui profite d’une performance économique robuste – ce qui est rare un peu partout en ce moment.

La plupart des indicateurs montre une prospérité relative à un pays avec un revenu moyen supérieur. L’Algérie est dotée d’un PIB d’environ $188 milliards, et possède le PIB par habitant le plus élevé de la région. Malheureusement, le chômage est toujours un problème – surtout parmi les jeunes, ou il touche plus de 20% — mais le taux global s’est beaucoup rétracté et s’est maintenu aux alentours de 9% depuis le début de la décennie, lorsqu’il avait touché 30%. 

D’autres indicateurs pour l’année 2012 sont également optimistes. Le taux de croissance est tiède, à 2,6%, mais la croissance hors hydrocarbures est encore plus importante environ 5,4%. Les fonds du compte courant ont plus que doublé et les finances publiques sont tellement robustes qu’elles ont permis au gouvernement de verser $5 milliards au FMI. L’Algérie est l’un des pays les moins endettés de la région et ses réserves de change correspondent à 3 années d’importations.

Bien sur, tout cela ne signifie pas que tout est parfait. Comme n’importe quelle économie, l’Algérie a ses propres problèmes qui doivent être abordés, que ce soit le chômage des jeunes ou la diversification. Mais pour les investisseurs qui ont un horizon long-terme, l’Algérie par rapport à plusieurs pays voisins profite d’une position économique qui est enviable.

Mais quels sont les fondements sur lesquels sont basées ces perspectives optimistes? OBG a sélectionné trois facteurs qui sont essentiels à la performance de l’économie Algérienne. 

Cela va sans dire que l’aspect le plus important est celui des ressources naturelles, qui ouvrent la voie à la croissance. Franchement, on ne peut pas parler de l’Algérie sans discuter l’importance de sa richesse géologique. Le pétrole et le gaz sont les moteurs de l’économie. Les revenus du secteur pétrolier contribuent au financement des nouvelles infrastructures et soutiennent la capacité du secteur bancaire. 

La taille du marché offre des perspectives attrayantes – surtout pour l’industrie, la finance et les télécommunications. Avec un nombre d’habitants plus important que tous ses voisins, l’Algérie profite d’une demande considérable pour les produits de consommation et les services tout en disposant d’une main d’œuvre abondante.

Enfin, le positionnement géographique du pays renforce le potentiel commercial des secteurs exportateurs. La courte distance qui sépare le pays de l’Espagne, la France et l’Italie également permet à l’Algérie de se brancher aux réseaux énergétiques des consommateurs européens et la proximité de l’Eurozone est un atout essentiel pour les usines qui visent les marchés au nord.

Mais bien que la croissance de l’économie Algérienne enregistre des progrès impressionnants pour les raisons que je viens de mentionner, il reste néanmoins certains défis à surmonter.

Peut-être un des obstacles les plus pertinents au développement durable de l’économie algérienne c’est la dépendance aux hydrocarbures. Le gaz et le pétrole constituent plus de 45% des revenus et sans compter les exportations énergétiques, le pays a un déficit courant. De plus, le pays reste trop sensible aux mouvements des prix internationaux, surtout au niveau fiscal.

L’environnement d’affaires reste toujours faible et la turbulence réglementaire crée un certain niveau d’incertitude – illustré par les résultats peu encourageants des trois derniers appels d’offres pour les champs pétroliers. Le durcissement de la politique d’investissement complique l’entrée des nouveaux investisseurs et la bureaucratie peut être frustrant pour des entrepreneurs déjà installés.

Enfin, le rôle central joué par l’état dans l’économie freine d’ailleurs l’émergence du secteur prive et évince l’extension du crédit aux entreprises. C’est vrai que le marché n’est pas un jeu à somme nulle et il y a du potentiel pour une relation symbiotique entre le secteur public et le secteur prive – comme on voit dans l’industrie pétrolière avec Sonatrach. Mais l’influence des sociétés étatiques limite souvent le champ d’activité pour d’autres entreprises – illustré par le faible taux de participation sur la bourse. 

Nous avons déjà discuté des fondements qui sont à l’origine de la croissance économique de l’Algérie, mais les conclusions que nous avons tirées de notre recherche au cours de l’année 2012 montrent que les secteurs qui actionnent la performance macroéconomique ont également leurs propres explications.

Normalement, nos conclusions analytiques sur les secteurs clés du pays devraient commencer avec le plus important – dans ce cas, le pétrole et le gaz. 

Mais je préfère souligner les activités non-traditionnels afin de faire valoir le potentiel dans trois secteurs secondaires et tertiaires.

Tout d’abord, le développement durable de l’Algérie compte un réseau d’infrastructure de haute qualité. Le fait que l’Algérie verse des milliards de dollars dans les transports, le logement, et l’électricité, n’est pas un secret. Il y a des projets superlatifs, comme l’Autoroute Est-Ouest, et des cibles ambitieux, comme l’ajout de plus de 2 millions de logements.

L’ouverture de ces projets au secteur privé est aussi très impressionnante. Comme j’ai dit, jusqu’a maintenant les opportunités pour le secteur prive étaient assez limité, donc le fait que par exemple la gestion d’eau dans des grandes villes est maintenant gérée par des entreprises privées est très encourageant.

Deuxièmement, il y a l’industrie. Certes l’industrie contribue de moins en moins au PIB – de 9% au début de la décennie à 5% aujourd’hui – mais les opportunités sont là. 

En termes de couts de fonctionnement, la Banque Mondiale trouvait que l’Algérie est parmi les plus bas sur le continent, et avec un marché domestique qui compte plus de 37 millions d’habitants et un surplus d’espace et de matières premières, le potentiel est évident dans les secteurs tel que l’agroalimentaire, le pétrochimique, ou le ciment.

Le troisième secteur à fort potentiel, c’est le secteur bancaire. C’est un choix bizarre bien entendu, étant donné le faible taux d’intermédiation financière, la réglementation stricte, et la domination des banques étatiques, qui détiennent plus de 88% du marché. Cependant, vu l’immensité du volume de liquidité, la rentabilité du secteur et l’établissement d’un nouveau système de notation, le potentiel pour une expansion considérable dans le moyen-terme est énorme.

En conclusion, suite au ralentissement global, les investisseurs des Etats-Unis, de l’Europe, du Moyen Orient et de l’Asie cherchent à diversifier leurs avoirs et visent encore plus les marchés émergents – surtout ceux qui sont riches en ressources et bien positionné, tel que l’Algérie.

Bien qu’il y ait toujours du pain sur la planche – lutte contre le chômage, amélioration du climat d’affaires, diversification vers les services – cinquante ans après son indépendance les perspectives à long terme pour l’Algérie sont plutôt positives principalement grâce aux fondamentaux sains.

Il faut bien sur entamer de nouvelles reformes pour garantir le développement du pays. Afin de rendre l’économie plus efficace et plus consistante, sa libéralisation est essentielle. Une augmentation de la chaine de production pourrait aussi renforcer la valeur ajoutée, tout en réduisant la sensibilité à la volatilité des prix des matières premières.

Enfin, l’augmentation de l’investissement étranger reste un élément clé dans la prospérité économique future de l’Algérie, non seulement pour le capital qu’il génère, mais aussi le transfert de savoir-faire qui en résulte.

La promotion et l’information prennent une partie importante dans ce processus et nous espérons que The Report: Algeria 2012 – en tant que rapport complet, authentique et précis – jouera son propre rôle pour transmettre à l’audience mondial le potentiel que possède l’Algérie.