CEO Survey Analysis

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Après plus d’une décennie de turbulences politiques, la Côte d’Ivoire est devenue l’une des économies les plus performantes au monde avec une croissance annuelle moyenne du PIB de 9,3% entre 2011 et 2016 provenant principalement d’importants investissements dans les secteurs de la construction, de l’énergie et des TIC.

Bien que la croissance se soit quelque peu ralentie ces dernières années en raison de la mauvaise performance du secteur agricole qui a fait face aux graves sècheresses de 2016 et à la baisse du prix du cacao – principale culture commerciale du pays – la croissance du PIB devrait quand même atteindre 7,4% en 2018 et 7,1% en 2019, selon le FMI.

Pour tirer profit de sa vigoureuse performance et propulser l’économie vers l’avant, la Côte d’Ivoire a entrepris un certain nombre de réformes et de politiques nationales dans l’objectif d’atteindre le statut de marché émergent d’ici à 2020.

L’une des initiatives politiques les plus importantes des dernières années a été l’introduction du Plan national de développement (PND) 2016-20 qui propose différentes stratégies pour transformer l’économie ivoirienne en mettant l’accent sur le renforcement du secteur industriel.

L’industrialisation, la voie à suivre

La stratégie d’expansion du secteur industriel implique des mesures visant à améliorer la production et la commercialisation des chaines de valeur, l’innovation technologique, une réorganisation des zones industrielles et une capacité accrue dans la production énergétique.

Interrogés sur leur niveau de satisfaction quant aux mesures mises en place pour soutenir l’industrialisation, 58% des 139 hauts dirigeants ayant participé au premier OBG Business Barometer: Côte d’Ivoire CEO Survey ont répondu positivement ou très positivement, tandis que 28% se sont montrés négatifs ou très négatifs.

De plus, 50% des PDG ont un taux de satisfaction élevé ou très élevé par rapport aux fournisseurs locaux et aux prestataires de services, tandis que 31% des répondants affirment que celui-ci est faible ou très faible.

Ces résultats indiquent que la majorité a une opinion positive non seulement à l’égard de la politique industrielle du pays, mais aussi en leur capacité à accéder localement aux matières premières. Ceci dit, cela laisse entendre aussi qu’il reste encore du travail à faire pour une croissance plus accrue dans ces deux domaines.

Les cibles industrielles de la Côte d’Ivoire, s’inscrivant plus ou moins dans une vision continentale plus large, aideront à renforcer ce secteur vital. Ayant été largement négligée – en particulier par les pays riches en ressources – l’Afrique a finalement pris conscience que le développement du secteur industriel constitue plus que jamais une priorité pour que l’économie locale prospère et que la balance commerciale s’améliore.

L’accord sur la zone de libre-échange continentale africaine, signé par plus de 40 pays en mars, a également contribué à accentuer la situation puisque l’une des plus grandes économies du continent, le Nigeria, a choisi de rester à l’écart pour éviter que ses manufacturiers locaux subissent une concurrence accrue avec la libéralisation du commerce transfrontalier.

Grâce à ses projets de développement, la Côte d’Ivoire vise à accroitre la contribution du secteur industriel au PIB à 40% d’ici 2020, comparativement à 25% en 2016. Ajuster sa base industrielle grandissante à la compétence de la main-d’oeuvre sera un facteur déterminant pour assurer le succès de la stratégie. Nos résultats suggèrent que la recherche et le développement (20,9%), l’ingénierie (19,4%), le leadership (18,7%) et l’administration des affaires (15,8%) sont les compétences les plus recherchées en Côte d’Ivoire.

Optimisme des chefs d’entreprise quant aux perspectives économiques du pays

Conformément à sa récente performance macroéconomique – et à son objectif d’attirer jusqu’à 30 mille milliards de FCFA (45 milliards d’euros) d’investissements dans le cadre du PND, dont plus de la moitié provenant du secteur privé – les perspectives générales pour faire des affaires en Côte d’Ivoire semblent encourageantes.

En effet, 84% des répondants disent avoir des attentes positives ou très positives au sujet du climat d’affaires local au cours des 12 prochains mois. De plus, 82% déclarent être susceptibles ou très susceptibles de faire un investissement important au cours de cette période.

Prise au début de 2018, la décision gouvernementale d’apporter des changements à son régime fiscal devrait contribuer à renforcer la confiance au sein de la communauté d’affaires. Lorsqu’on leur a demandé de prévoir la croissance du PIB pour 2018, la majorité des participants (72%) ont donné une réponse variant de 5% à 8%.

Les nouveaux changements apportés à la fiscalité visent à simplifier la perception des taxes et à élargir la base de revenus, ce qui permet aux entreprises de déclarer et de payer leurs taxes en ligne depuis janvier. De tels efforts devraient contribuer à améliorer la compétitivité de l’environnement fiscal, que près de 60% des répondants considèrent comme non compétitif ou très peu compétitif à l’échelle mondiale.

… Pourtant, prudemment optimiste

Bien que les perspectives semblent prometteuses, il reste encore du chemin à parcourir. Lorsqu’il s’agit de faire des affaires en Afrique, un ensemble de défis similaires se présentent pour presque tous les pays du continent. Cela dit, certains obstacles peuvent être plus ardus que d’autres à certains endroits.

En Côte d’Ivoire, l’accès au financement est jugé difficile ou très difficile pour 68% des participants au sondage. Ce résultat se démarque de celui obtenu en Egypte avec 41% par exemple, bien qu’il corresponde plus ou moins aux 61% de tous les pays inclus dans le Business Barometer: OBG in Africa CEO Survey.

Les opinions divergent considérablement entre ceux qui jugent le niveau de transparence pour mener des affaires dans la région comme faible ou très faible (49%) et ceux qui le jugent élevé ou très élevé (39%).

Le gouvernement a cherché à s’attaquer aux problèmes de transparence et d’accès au financement – entre autres – ces dernières années dans le but d’améliorer son environnement d’affaires. Ces efforts comprennent le déploiement d’un guichet unique en 2012 et le plus récent plan visant à mettre en ligne un certain nombre d’opérations administratives, telles que le registre foncier et les permis de construire.

Il faudra cependant du temps pour que l’ensemble de ces mesures se concrétise. Notre enquête de suivi, qui est en cours et dont les résultats seront révélés dans quelques mois, devrait permettre d’évaluer la progression de ce côté.