Bien que plus de 60 % des terres arables du monde se trouvent en Afrique, la participation du continent à la production agricole mondiale demeure faible. En effet, de vastes superficies sont non exploitées et la production est inférieure à celle enregistrée dans la plupart des autres régions du monde. Néanmoins, le secteur agricole est au cœur de l’économie de la majorité des pays africains, représentant au moins 15 % du produit intérieur brut (PIB) de la région. L’agriculture emploie près des deux tiers de la population active africaine, qui travaille essentiellement sur des petites exploitations qui assurent actuellement environ 90 % de la production totale.
En raison d’un sous-investissement chronique à long terme conjugué à une mauvaise gouvernance, le secteur agricole ne parvient pas à jouer le rôle positif attendu, c’est-à-dire transformer les économies des pays de la région en assurant par exemple la sécurité alimentaire, en créant des emplois et en réduisant la pauvreté. En Afrique, le taux de croissance de la production agricole est presque deux fois inférieur à ceux des autres pays en développement. Ces résultats modestes sont en grande partie liés à la faible utilisation d’engrais et de semences améliorées, au manque de mécanisation et de systèmes d’irrigation et au réchauffement climatique.
Toutefois, malgré ces défis, l’avenir du secteur agricole africain s’annonce relativement prometteur. Selon les prévisions des agences des Nations Unies, les terres exploitées devraient s’étendre et la productivité s’accroître grâce à un meilleur usage des technologies et des intrants agricoles améliorés. D’après le rapport « Perspectives agricoles 2018-27 » publié par l’OCDE et la FAO, le secteur devrait enregistrer une solide croissance. En Afrique subsaharienne, la production céréalière devrait croître de 30 % entre 2018 et 2028. De plus, un meilleur accès aux technologies innovantes devrait également encourager l’élaboration et la mise en œuvre de techniques agricoles intelligentes et de précision.
Malgré la production accrue, la demande intérieure devrait continuer à dépasser l’offre alors que la population devrait doubler d’ici à 2050. En conséquence, pour satisfaire la demande, le continent continuera à moyen terme de dépendre des marchés internationaux et des importations.
En attendant, le continent fait face à des défis de taille, dont le plus important serait le changement climatique qui touche déjà des millions d’agriculteurs et de foyers. Des experts ont demandé aux gouvernements africains d’investir davantage dans l’agriculture, y compris dans les infrastructures, d’une part, et dans le développement d’agro-industries d’autre part. Ces investissements pourraient aider le secteur agricole africain à jouer un rôle déterminant dans le développement économique à long terme.
Ce recueil se compose d’entrevues de Karim Lotfi Senhadji, directeur général, OCP Africa, d’Agnès Kalibata, présidente, Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA) , d’Audu Ogbeh, ministre de l’Agriculture et du Développement rural du Nigeria , et d’Yves Brahima Koné, directeur général, Conseil du café-cacao de Côte d’Ivoire.