Comme plusieurs de ses pairs africains, Djibouti a enregistré une forte croissance économique au cours des dernières années avec une hausse du PIB de 6,7 % en 2017.
Cette performance est principalement due aux efforts du gouvernement qui, depuis 2014, vise à restructurer l’économie, notamment avec l’adoption du plan de développement national, Vision Djibouti 2035. Ce plan vise à transformer le pays en une économie à revenu intermédiaire et à en faire une plaque tournante en matière de transport et de logistique; et la stratégie semble bien accueillie par le monde des affaires djiboutien.
Dans le cadre de ce premier Business Barometer d’OBG, sondage auprès des PDG du Djibouti, 68 % des 40 cadres de niveau C interrogés estiment que le plan Vision Djibouti 2035 parviendra à atteindre ses objectifs.
Le transport pour stimuler le commerce
Au cours des dernières années, une bonne partie des investissements de Djibouti a été consacrée à la mise à niveau et à l’expansion des infrastructures et des réseaux de transport.
Depuis le lancement de notre premier rapport sur Djibouti en 2016, le pays a inauguré trois nouveaux ports: le port polyvalent de Doraleh, le port de Tadjourah et le port de Ghoubet; un chemin de fer reliant les villes de Djibouti et Addis-Abeba, en Ethiopie, a été construit; et la première phase de la zone de libre-échange internationale de Djibouti – l’une des plus grandes zones franches d’Afrique – a été inaugurée.
Le secteur des transports ayant traditionnellement représenté une part importante du PIB – 28,4 % en 2016 –Djibouti profite de cette opportunité pour en faire une plaque tournante en la matière et une porte d’entrée vers l’Afrique.
Bénéficiant de l’un des positionnements les plus stratégiques du continent, ce pays de la Corne de l’Afrique qui compte quelque 900 000 habitants se situe au carrefour de l’une des routes commerciales les plus animées au monde, entre la mer Rouge et le golfe d’Aden, et à la frontière de l’un des marchés les plus dynamiques de la région: l’Éthiopie.
Voisin direct et allié de longue date, l’Ethiopie est l’un des principaux partenaires commerciaux de Djibouti, avec plus de 90% de ses échanges transitant par ses ports.
Le nouveau chemin de fer reliant les deux capitales promet de faciliter le transport des marchandises en offrant des perspectives de croissance pour l’Éthiopie. Avec une population de 100 millions d’habitants, l’Éthiopie est le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique, après le Nigéria.
Cela explique peut-être pourquoi le Djibouti a développé un certain nombre de grands projets d’infrastructure pour accompagner à un tel potentiel.
Les efforts pour diversifier l’économie et créer des occasions d’affaires
Les perspectives de développement de l’Éthiopie ne sont toutefois pas les seules motivations de Djibouti, les ambitions nationales et locales étant également au coeur de sa stratégie. Avec un âge moyen de 20 ans, Djibouti dispose d’un large bassin de jeunes pour créer des emplois et des occasions d’affaires.
Djibouti mise également sur la prospérité économique pour réduire son taux de pauvreté qui, selon le FMI, se situait à 41 % en 2016.
De plus, la nécessité de renforcer les liens commerciaux au-delà de l’Éthiopie est évidente dans le même sens que les pays riches en pétrole, par exemple, doivent diversifier leur économie pour ne pas dépendre d’un seul produit. La mise à niveau des infrastructures est importante, mais la diversification économique est essentielle pour tout pays qui cherche à établir des bases macroéconomiques solides.
Alors que l’Éthiopie restera probablement le principal partenaire commercial du pays à court et à moyen terme, les efforts visant à développer de nouveaux partenariats dans la région et au-delà pourraient avoir un impact sur les parts de marché à long terme.
Djibouti a actuellement accès à plusieurs marchés de la région en tant que membre du Marché commun de l’Est et du Sud de l’Afrique (COMESA) et de l’Autorité intergouvernementale pour le développement. L’accord récent créant la zone de libre-échange continentale en Afrique (AfCFTA), qui vise à consolider l’intégration et le commerce régionaux, devrait également contribuer à renforcer le portefeuille commercial du pays.
Les avis concernant cet accord sont largement favorables : 75% des participants déclarent que la zone de libre-échange continentale en Afrique aura un effet positif ou très positif sur le commerce intrarégional.
Les accords intercontinentaux suscitent des réactions positives
Au-delà de l’Afrique, Djibouti a développé des relations solides au cours de la dernière décennie avec l’Asie, notamment la Chine. Grâce à son initiative «Belt and Road», la Chine a activement développé certains des plus importants projets d’infrastructure du pays, comme la construction du chemin de fer reliant le port de Djibouti à Addis-Abeba, au coût de 3,4 milliards de dollars.
Lors du dernier forum Afrique-Chine, qui s’est déroulé au cours de la première semaine de septembre, le président Ismaïl Omar Guellah a rencontré son homologue chinois, Xi Jinping, et signé un protocole d’accord visant à renforcer les relations bilatérales.
Dans ce qui a été traditionnellement désigné comme une région trouble, Djibouti est considéré comme un refuge pour ceux qui cherchent à investir dans la Corne de l’Afrique. Cela dit, les milieux d’affaires restent méfiants quant à l’impact d’instabilité potentielle dans les pays voisins; 65% l’identifient comme étant le principal événement extérieur susceptible de perturber l’économie à court et moyen terme.
Néanmoins, les dirigeants semblent confiants face aux perspectives de développement à court terme de Djibouti: 71 % prévoient une croissance du PIB de 6 à 8 %, et 90 % ont des attentes positives ou très positives à l’égard des conditions d’affaires locales au cours des 12 prochains mois.