Le retour de la stabilité politique en 2011 et la croissance économique soutenue qui s’en est suivie ont ramené la Côte d’Ivoire sous les feux de la rampe ces dernières années. Avec une croissance annuelle moyenne du PIB se situant autour de 9% entre 2011 et 2016, le pays s’est illustré comme l’une des économies les plus performantes au monde. À l’échelle régionale, la Côte d’Ivoire est redevenue un ardent défenseur de l’intégration économique et commerciale en Afrique de l’Ouest. Acteur clé de la CEDEAO et de l’UEMOA, le pays a mis un accent particulier sur la reconstruction et le développement des réseaux d’infrastructures à l’échelle régionale, notamment dans les secteurs des transports, de l’énergie et des télécommunications. Parmi les exemples, notons l’autoroute transafricaine, qui comprend neuf autoroutes à travers le continent, ainsi que la construction d’un tronçon de route de 1008 km reliant Abidjan à Lagos dont le début des travaux est prévu en 2019.
De plus, l’initiative du corridor de transport d’électricité de l’Afrique de l’Ouest permettra de tisser des liens plus étroits en vue d’une intégration des marchés de l’électricité dans la région. En ce qui concerne les télécommunications, la connectivité de la région a progressé, notamment par le renforcement des infrastructures entre la Côte d’Ivoire et les états voisins tels que la Guinée et le Libéria.
Des politiques commerciales régionales bien accueillies
Ces ambitions, qui visent en premier lieu à renforcer l’intégration régionale et stimuler les occasions d’affaires en matière de commerce et d’investissement, sont également reflétées dans l’optimisme constaté auprès des 100 participants au plus récent Business Barometer: Côte d’Ivoire CEO Survey d’Oxford
Business Group publié en 2019, et dont 68% estiment que l’Accord sur la Zone de libre-échange continentale (ZLEC) aura un impact positif ou très positif sur la croissance du commerce régional.
Signé au début de 2018, l’accord vise à consolider les liens commerciaux du continent et à augmenter le volume des échanges de 50 % au cours des cinq prochaines années. L’accord a également permis de mettre en lumière certains problèmes récurrents et persistants qui ont longtemps entravé
la prospérité économique du continent comme la piètre qualité des infrastructures et des réseaux de transport et la lourdeur bureaucratique.
A cet égard, la Côte d’Ivoire est parmi l’un des pays ayant enregistré des progrès signifcatifs dans l’objectif de résoudre certains de ces problèmes.
Depuis 2011, des investissements majeurs ont été consacrés à la réfection et au développement des infrastructures plus spécifiquement pour les routes, les installations portuaires, les télécommunications et l’énergie. Des réformes politiques ont également été mises en place, dont une série de changements apportés tout au long de 2018 pour simplifier et améliorer la perception des impôts, pendant qu’un important projet d’e-gouvernement a été lancé pour rationaliser la bureaucratie et réduire les formalités administratives. Dans l’édition 2019 de son rapport «Doing Business», la Banque mondiale a classé la Côte d’Ivoire parmi les 10 pays ayant procédé au plus grand nombre de réformes en 2018.
L’accessibilité au financement et la volatilité des prix des produits de base freinent la croissance
Cependant, d’importants défis doivent être relevés avant que le potentiel de tous ces efforts ne se concrétise. Parmi ceux-ci, la fiscalité et l’accessibilité au financement ont été identifiées dans notre sondage, avec des résultats assez semblables à ceux du précédent sondage auprès des chefs d’entreprise publié en 2018: 59 % des personnes interrogées estiment que l’environnement fiscal du pays est peu compétitif, voire très peu compétitif, alors que 68 % estiment que l’accessibilité au financement est difficile ou très difficile.
En plus, 61 % des participants ont indiqué que la volatilité des prix des produits de base était le principal facteur externe susceptible d’avoir une incidence sur l’économie à court et à moyen terme. Ce résultat est clairement démontré par le ralentissement économique des dernières années alors que la croissance du PIB a chuté à 8 % en 2016 et à 7,7 % en 2017.
L’agriculture demeurera le principal moteur économique
Alors que les politiques de diversification économique sont bien amorcées, la croissance à court terme demeurera constante grâce à la performance du secteur agricole qui représentait 17,6 % du PIB en 2017, et plus particulièrement de son principal fournisseur de devises étrangères, le cacao, et d’autres exportations à valeur ajoutée comme les noix de cajou et le coton.
Le cacao a traditionnellement représenté environ un tiers des recettes d’exportation de la Côte d’Ivoire. Malgré la chute des prix à partir du milieu de 2016, une production record de plus de 2 millions de tonnes de haricots en 2016-2017 a permis de compenser la baisse attendue des revenus. Depuis, la tendance a toutefois ralenti avec des prix à la baisse ce qui a pesé sur la balance commerciale du pays en 2018.
Dans son programme économique national, le Plan national de développement 2016-20, le gouvernement s’est fixé comme priorité d’augmenter la capacité de production et de créer de la valeur ajoutée en ayant comme objectif de faire passer le taux du cacao transformé localement à 50% d’ici à 2020.
À la lumière de ces résultats, les perspectives à moyen terme semblent prometteuses. Selon nos recherches, 33 % des PDG interrogés s’attendent à ce que l’agriculture demeure le principal moteur de la croissance économique d’ici 2025, suivie de l’industrie (30 %) et des télécommunications (15 %).
Les attentes à court terme semblent également élevées malgré le ralentissement anticipé avec les élections présidentielles de 2020, 85 % des participants déclarant être susceptibles ou très susceptibles de réaliser un investissement important en 2019, contre 82 % lors de notre dernier sondage. Selon le FMI, le PIB devrait augmenter de 7,4 % en 2018 et de 7,5 % en 2019.