CEO Survey Analysis

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Les plus récents indicateurs démontrent un ralentissement économique au Maroc par rapport à l’année dernière. Selon le Haut-commissariat au Plan, le pays d’Afrique du Nord a connu une progression de 2,8% au troisième trimestre 2018, en baisse par rapport à la même période l’an dernier. Le HCP maintient sa prévision de croissance pour l’année 2018, qui devrait s’établir à 3% en 2018 contre 4%, l’année précédente.

Le portrait global semble toutefois assez stable. La Banque centrale s’attend à ce que le pays termine l’année 2018 avec une croissance de 3,5%, un chiffre considérable malgré un taux de 4,1% enregistré en 2017. Les données sont suffisamment vigoureuses pour maintenir l’optimisme, comme le confirme le milieu des affaires marocain dans le Business Barometer d’OBG: Sondage auprès des dirigeants du Maroc.

Sur les 106 dirigeants d’entreprises marocaines interrogés entre novembre 2017 et septembre 2018, près des trois quarts déclarent avoir des attentes positives ou très positives quant aux conditions du marché local au cours des 12 prochains mois.

Cette perception est corroborée par le nombre important de chefs d’entreprise indiquant la probabilité de faire des investissements dans le futur : 77% d’entre eux déclarent qu’il est probable ou très probable que leur société réalise un investissement important dans les 12 prochains mois.

Les obstacles à la création d’un hub régional

Bien entendu, les défis de la croissance économique demeurent. En fait, ils sont inévitables lorsqu’un pays s’efforce de maintenir des niveaux de croissance appréciables. Il y a plusieurs réponses pour expliquer le ralentissement économique au Maroc. Il ne fait aucun doute que la diversification des secteurs de production et des marchés partenaires sera un élément clé, de même que les efforts déployés par le gouvernement pour transformer le Maroc en un pôle régional.

Afin de consolider sa position en tant que puissance régionale, le Maroc pourrait améliorer son environnement fiscal. Avec un impôt sur le revenu des particuliers plafonné à 38 % et un impôt maximal sur les sociétés de 31 %, auquel s’ajoute un système fiscal local et national relativement complexe, le Maroc se classe au 109e rang des 137 pays du Global Competitiveness du Forum économique mondial, Index 2017-18, dans la catégorie relative à la compétitivité du taux d’imposition. En conséquence, 55 % des répondants au sondage déclarent que l’environnement fiscal actuel (des entreprises et des particuliers) au Maroc est peu concurrentiel ou très peu concurrentiel à l’échelle mondiale.

De plus, l’accès au financement reste difficile, notamment pour certaines entreprises. Si 40 % des chefs d’entreprise jugent l’accès au financement comme étant facile ou très facile, 38% le trouvent difficile ou très difficile. Les avis sur le financement sont cependant toujours difficiles à cerner dans un sondage, car chaque profil de chaque société – sa taille, son expertise, son accès au marché et ses besoins – influence sa réponse.

Nous avons néanmoins constaté que de plus en plus d’efforts sont déployés pour faciliter l’accès au financement par des voies non traditionnelles. Par exemple, le pays est en train d’approuver un projet de loi définissant les règles du financement participatif pour les investisseurs et les entreprises, ce qui devrait fournir une nouvelle source de financement aux entrepreneurs, aux entreprises en démarrage et aux petites entreprises dont bon nombre luttent pour se qualifier pour du financement par les méthodes traditionnelles.

Enfin, l’absence de leadership est un troisième défi qui mérite d’être mentionné. Parmi les sondés du Business Barometer d’OBG au Maroc, 47% ont identifié le leadership comme étant la compétence la plus recherchée lors d’une embauche. « L’un des éléments qui revient de manière sempiternelle lors de mes rencontres avec les dirigeants au Maroc est la nécessité d’améliorer l’apprentissage des « soft skills » telles que la capacité à prendre des décisions, la maitrise des langues, l’autonomie ou la ponctualité. Les compétences techniques ne manquent pas au Maroc, ce sont plutôt des aspects comportementaux qui peuvent faire défaut », précise M. Pérez-Seoane De Zunzunegui.

La production automobile pour propulser consolider l’industrie

Malgré les obstacles rencontrés par les entreprises locales, les dirigeants sont optimistes quant à la dynamique industrielle du pays. Ils sont 55 % à désigner le secteur automobile comme étant le secteur le plus susceptible d’accélérer le développement industriel à court et moyen terme au Maroc. Selon les médias internationaux, le Maroc a dépassé l’Afrique du Sud en tant que leader continental pour la production de véhicules en 2017.

Les prévisions pour 2019 laissent entrevoir une croissance inférieure à celle de 2018, ce qui semble raisonnable compte tenu de la performance récente du pays. Toutefois, la dynamique des secteurs porteurs tels que l’automobile, l’aéronautique, le tourisme ou l’agriculture devrait se poursuivre, tout comme le maintien de l’amélioration de la conjoncture des partenaires économiques majeurs du Maroc, et notamment de l’Union Européenne. La confiance des chefs d’entreprise marocains demeure au rendez-vous et les pistes d’améliorations du climat des affaires sont connues, ce qui constitue une première étape importante à court terme.