Economic Update

Published 16 Jun 2017

In English

L’essor du microfinancement en Côte d’Ivoire a été suivi d’un processus régulier de consolidation, porté notamment par les efforts d’assainissement déployés par le gouvernement.

Un secteur en mutation

Alors que la base de clients des institutions de microfinancement (IMF) du pays a plus que doublé entre fin décembre 2013 et décembre dernier, pour atteindre 1,17 million, le portefeuille de prêts du segment a suivi la même tendance, passant de 79,2 milliards de francs CFA (120,7 millions d’euros) à 189,9 milliards de francs CFA (289,5 millions d’euros).

Au cours de la même période, d’après les données recueillies par l’Association professionnelle des systèmes financiers décentralisés de Côte d’Ivoire, les dépôts ont progressé de 66,5 % pour s’établir à 210 milliards de francs CFA (320,1 millions d’euros), tandis que les versements de prêts ont augmenté de 176 % et s’élèvent désormais à 77,8 milliards de francs CFA (118,6 millions d’euros).

À l’inverse, le nombre d’IMF accréditées subit une constante diminution depuis 2010, expliquée en partie par les mesures prises par le gouvernement pour renforcer la stabilité du secteur en écartant les créanciers à risque et les institutions les moins performantes. Au cours du seul dernier trimestre 2016, cinq licences ont été retirées par le ministère des Finances pour cause de faillite ; 52 IMF étaient officiellement enregistrées au mois de mars, contre 73 fin 2013.

L’amélioration des performances et de la santé financière des organismes de microfinancement du pays a eu des retombées positives sur l’accès de la population aux services financiers classiques.

Plus de 20 % de la population ivoirienne possédait un compte bancaire en 2014, d’après les derniers chiffres de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), mais le taux de pénétration atteignait 34 % après inclusion des services fournis par les IMF et autres prêteurs non traditionnels, tels que les sociétés de transfert d’argent.

Si les données de l’an dernier sur le segment mettent en lumière une amélioration nette et rapide, la Côte d’Ivoire est toujours distancée par d’autres marchés du continent, notamment le Kenya, où l’inclusion financière se rapproche de 75 %, ou encore le Ghana voisin, où elle atteint 40 %, un taux qui laisse suggérer un réel potentiel de croissance.

Le pilier du secteur en voie de restructuration

Les performances globales du segment du microfinancement dépendent de celles de son principal acteur, l’Union nationale des coopératives d’épargne et de crédit (UNACOOPEC), qui sert près de 63 % des utilisateurs de microcrédit du pays.

Néanmoins, au terme d’un audit réalisé par la banque centrale en 2012, qui a révélé que l’organisation avait accumulé 11 milliards de francs CFA (16,8 millions d’euros) de pertes et des fonds propres négatifs de 20 milliards de francs CFA (30 millions d’euros) sur une période de 11 ans, l’UNACOOPEC a été placée sous administration provisoire en 2013.

Le gouvernement a alors proposé la mise en œuvre d’un programme de restructuration de l’organisme qui, d’après Issiaka Savané, directeur général de l’UNACOOPEC, sera porté par un apport de fonds publics.

« Nous prévoyons de rationaliser notre réseau, de réduire le nombre de coopératives de 123 à 24, et d’adopter le statut de société anonyme », a-t-il indiqué à OBG. « Le gouvernement a récemment approuvé notre plan de recapitalisation, chiffré à quelque 40 milliards de francs CFA (61 millions d’euros). »

De nouveaux acteurs sur le marché

En dépit des difficultés auxquelles les opérateurs ivoiriens existants sont confrontés, la forte croissance et relative stabilité macroéconomiques ont attiré plusieurs nouveaux acteurs au cours des deux précédents trimestres.

CEFIS, dernier à avoir pénétré le marché, a vu sa licence approuvée au mois de mars, tandis que Yveo-Finances, IGITRUST-CI, CREP ECO de Meagui et CREP Microcredit d’Abengourou ont rejoint le portefeuille national d’IMF enregistrées au dernier trimestre 2016.

Entrave à la croissance

Cela ne veut pas dire pour autant que le secteur doit s’attendre à un ciel sans nuage. Selon Grégoire Danel-Fédou, directeur des operations pour le Groupe Advans, si le secteur du microfinancement profite de la hausse des dépôts et de la chute du nombre de prêteurs à risque, la réduction de trois points du taux d’intérêt plafond applicable aux produits de microfinancement, appliquée en 2014 afin de limiter les coûts d’emprunt, contraint les entreprises à se disputer un même portefeuille de clients.

« À l’avenir, cela pourrait accroître le risque de surendettement pour une certaine catégorie d’emprunteurs », a-t-il affirmé à OBG.

Pour limiter le risque de prêts à intérêts non comptabilisés et renforcer la transparence générale au sein du secteur, des Bureaux d’information sur le crédit (BIC) ont été mis sur pied en février 2016 par la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Ceux-ci sont cependant toujours au stade embryonnaire ; il faudra vraisemblablement du temps avant d’observer des bénéfices tangibles pour le segment du microfinancement en Côte d’Ivoire.

Yves Komaclo, directeur régional chez Oikocredit Côte d’Ivoire, a décrit le lancement des BIC comme « une étape vers un encadrement plus strict des emprunteurs », avant d’ajouter que davantage d’informations seront nécessaires. « Avec l’adhésion de nouvelles institutions et l’obtention de plus d’informations sur les emprunteurs,  nous devrions commencer à observer des bénéfices supplémentaires chez les institutions financières et et à terme également chez les entrepreneurs », a-t-il déclaré à OBG.

Un organisme de réglementation fort serait particulièrement bien accueilli par les parties prenantes a estimé François Barnabé, PDG de MicroCred, soulignant la difficulté à laquelle les institutions de microfinancement sont confrontées lorsque les débiteurs ne s’acquittent pas de leurs obligations financières. « Le système juridique étant sous-développé, il reste difficile de poursuivre les individus en défaut de paiement », a-t-il précisé à OBG.

 

Microfinance lenders gaining ground in Côte d’Ivoire

En Français

A rise in microfinance lending in Côte d’Ivoire has been accompanied by a steady process of consolidation – driven in part by government clean-up efforts.

Shift in microfinance landscape

As the client base of the country’s microfinance institutions (MFIs) more than doubled to 1.17m between the end of 2013 and December last year, so did the segment’s loan portfolio, rising from CFA79.2bn (€120.7m) to CFA189.9bn (€289.5m).

Over the same period, deposits grew by 66.5% to CFA210bn (€320.1m), while loan disbursements increased by 176% to CFA77.8bn (€118.6), according to data compiled by the Professional Association of Decentralised Financial Systems of Côte d’Ivoire.

Conversely, the number of accredited microfinance institutions has been steadily decreasing since 2010, in part the result of a push by the government to improve the sector’s stability by cracking down on risky lenders and poor performers. The final quarter of 2016 alone saw five licences withdrawn by the Ministry of Finance due to bankruptcy, with 52 MFIs officially registered as of March – down from 73 at the end of 2013.

The improved health and performance of the country’s microfinance lenders has had knock-on benefits for the population’s ability to access formal financial services.

More than 20% of Côte d’Ivoire’s population held a bank account in 2014, according to the most recent figures from the Central Bank of West African States (Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest, BCEAO), though penetration levels reached 34% once services provided by MFIs and other non-traditional lenders, such as mobile money operators, were included.

While last year’s data for the segment marks a clear and rapid improvement, Côte d’Ivoire still lags behind other markets elsewhere on the continent, such as Kenya, where financial inclusion is closer to 75%, or neighbouring Ghana, where it stands at 40%, suggesting further room for growth.

Largest player looks to restructure

The overall performance of the microfinance segment hinges on that of its largest player, the National Union of Savings and Credit Cooperatives (Union Nationale des Coopératives d’Epargne et de Crédit, UNACOOPEC), which serves around 63% of the country’s microfinance users.

However, following an audit by the central bank in 2012, which revealed the organisation had accrued CFA11bn (€16.8m) in losses and a negative equity of CFA20bn (€30m) over an 11-year period, UNACOOPEC was placed under provisional administration in 2013.

As a result, the government has proposed a restructuring programme for the institution, which, according to Issiaka Savané, general manager of UNACOOPEC, will be buoyed by an injection of public funds.

“We intend to streamline our network, reducing the number of cooperatives from 123 to 24, and to become a limited company,” he told OBG. “The government recently approved our recapitalisation plan for around CFA40bn (€61m).”

New players enter the market

In spite of the hurdles the country’s existing operators face, high macroeconomic growth and relative stability attracted several new players in the previous two quarters.

The most recent of these was CEFIS, whose licence was approved in March, while Yveo-Finances, IGITRUST-CI, CREP ECO de Meagui and CREP Microcredit d’Abengourou joined the country’s portfolio of registered MFIs in the final quarter of last year.

Obstacle to growth

That is not to say the sector faces a worry-free outlook, however. While the microfinance industry is benefitting from rising deposits and a drop in the number of risk-prone lenders, a three-percentage-point decrease in the interest rate cap on microfinance products, implemented in 2014 to reduce borrowing costs, is pushing firms to compete for the same customer base, according to Grégoire Danel-Fédou, operations director of Luxemborg-based Advans Group.

“In the future, this could increase the risk of over-indebted borrowers of a certain category,” he told OBG.

To reduce the risk of nonaccrual loans and improve transparency across the board, a new credit bureau, the Bureaux d’Information sur le Crédit (BIC), was set up in February 2016 by the BCEAO. However, the tool remains at a nascent stage, and tangible benefits for the microfinance segment in Côte d’Ivoire will likely take time to be realised.

Yves Komaclo, regional manager at Oikocredit Côte d’Ivoire, described the launch of the BIC as “a step forward for disciplining borrowers”, but added that more information was needed. “As more institutions adhere to it and more information on borrowers is provided, we should start seeing additional benefits for financial institutions and ultimately for entrepreneurs as well,” he told OBG.

A strong regulatory body would be welcomed by stakeholders, with François Barnabé, CEO of MicroCred, highlighting the difficulty MFIs face when debtors fail to meet their loan obligations. “The legal system is not developed, so chasing people that default remains difficult,” he told OBG.