Economic Update

Published 23 Mar 2017

In English

Le Maroc s’attèle actuellement au développement d’une agriculture durable, procédant pour cela à des investissements dans l’irrigation et à une diversification de ses cultures de base, suite à des récoltes céréalières en baisse lors de la campagne 2015/16.

Gestion des eaux

En janvier, le Roi Mohammed VI a lancé un système d’irrigation goutte à goutte sur 500 hectares dans la commune de Saâda, située dans la préfecture de Marrakech ; il a également procédé à la mise en service d’un bassin de décantation de l’eau d’irrigation d’un volume de 100 000 m³ dans la ville de Tameslouht, dans la province d’Al Haouz.

Ces deux projets constituent la clé de voûte d’un programme de restructuration actuellement en cours, dont l’objectif est d’établir un système d’irrigation goutte à goutte sur 4000 hectares de terres agricoles dans le secteur de l’oued N’Fiss – cours d’eau situé dans la région de Marrakech-Safi. Le projet, qui a nécessité une enveloppe de 278 millions de dirhams (26 millions d’euros) devrait bénéficier à 2300 agriculteurs, permettre de réaliser des économies d’eau de 30% par an, accroître la valeur des terres agricoles, faisant passer le prix de l’hectare de 16 000 dirhams (1500 euros) à 40 000 dirhams (3750 euros) et créer 480 emplois.

Cette initiative s’inscrit dans le cadre du Programme National d’économie et de Valorisation de l’Eau en Irrigation (PNEEI),  un plan de développement qui s’étale sur une période de dix ans et vise à réduire le stress hydrique. Le PNEEI entend équiper 550 000 hectares en systèmes d’irrigation goutte à goutte d’ici à 2020 et réaliser une économie d’eau de plus d’1,4 milliard de m³ par an.

Précipitations en baisse, production réduite

L’accès à des systèmes d’irrigation plus développés devrait contribuer à compenser les pertes enregistrées par les agriculteurs lorsque les conditions climatiques sont fluctuantes, comme cela a été le cas lors de la campagne agricole 2015/16 où une grave sécheresse a entrainé une forte diminution des rendements agricoles.

Le total des récoltes des quatre principales céréales produites par le Maroc – le blé tendre, le blé dur, l’orge et le maïs – a enregistré une chute de près de 70% en glissement annuel lors de la campagne 2015/2016 pour atteindre 33,5 millions de quintaux (une unité de mesure équivalant à 100 kg), selon les chiffres publiés par le Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime (MAPM).

Ce recul de la production a porté un coup à l’ensemble du secteur, ce dernier contribuant au PIB seulement à hauteur de 9,8% en 2016, contre 12,8% l’année précédente, selon les estimations du FMI.

Ces mauvais résultats ont eu des répercussions sur l’ensemble de l’économie marocaine, qui affichait un taux de croissance de 1,1% l’an dernier, contre 4,5% en 2015, selon le Haut-Commissariat au Plan.

Les perspectives semblent néanmoins plus positives pour l’agriculture cette année et le secteur devrait retrouver une croissance de 10,8% cette année, d’après les prévisions du FMI.

Elargir la base

A l’instar d’autres pays du Maghreb, les céréales constituent une denrée clé au Maroc, avec une consommation annuelle par habitant qui s’établissait à 173 kg en 2014 – un chiffre supérieur à la moyenne mondiale qui est de 152 kg.

Les céréales couvrent 75% des terres arables au Maroc, mais leur culture est vulnérable, étant tributaire d’une pluviométrie irrégulière. C’est pourquoi le Maroc, soucieux d’améliorer sa sécurité alimentaire, s’est récemment attelé à développer d’autres cultures.

La signature en février d’un accord de coopération technique portant sur la promotion de la culture du quinoa – une graine particulièrement résistante à la sécheresse – entre l’Organisation des Nations-Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) et l’Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II s’inscrit dans cette optique.

Dans le cadre de ce projet, la FAO travaillera avec le Maroc en partenariat avec le Pérou – où la culture du quinoa est ancestrale- afin de faciliter le transfert des connaissances et l’échange de matériel génétique.

Si le désir de « cultiver des dizaines d’hectares sinon plus » de quinoa existe au Maroc, comme l’affirme le communiqué de presse de la FAO accompagnant l’accord, les cultivateurs de quinoa ont déjà dû faire face à plusieurs défis, notamment la difficulté d’extraction de la saponine des graines, partie intégrante du processus de transformation de la céréale destinée à la consommation humaine.

Une stratégie d’ensemble

Ces récents développements s’inscrivent dans le cadre d’une stratégie générale, le Plan Maroc Vert (PMV), qui, depuis son lancement en 2008, constitue une priorité pour les pouvoirs publics.

A travers des investissements se chiffrant à 174 milliards de dirhams (16,2 milliards d’euros), le PMV espère créer 1,15 million d’emplois dans le secteur agricole et multiplier par trois le revenu de 3 millions de ruraux d’ici 2020.

Les fruits du PMV sont déjà visibles. Aziz Abdelali, directeur général de l’Office National Interprofessionnel des Céréales et des Légumineuses (ONICL), a déclaré à OBG l’an dernier que le recul de la production dû à la dernière sècheresse en date aurait été plus prononcé sans les initiatives du PMV. Les agriculteurs marocains ont également récolté deux fois plus de céréales en 2015/2016 que pendant la campagne 1994/1995, date à laquelle remonte la dernière sècheresse d’une telle gravité au Maroc.

En plus de protéger jusqu’à un certain point le secteur agricole des conditions météorologiques défavorables, le PMV a joué un rôle déterminant dans la promotion des investissements publics et privés. Entre 2008 et 2015, l’afflux de capitaux à destination du secteur agricole a enregistré une hausse de 1,9% pour atteindre 1,9 milliard de dirhams (177,9 millions d’euros), selon les données publiées par le MAPM.

 

 

Enhancing food security key to Morocco’s prospects in agriculture

En Français

Morocco is working to bolster agricultural sustainability by investing in irrigation and diversifying its crop base, following decreased cereal harvests in the 2015/16 season.

Water management

In January King Mohammed VI launched a drip irrigation system across 500 ha of land in the town of Saâda in the Marrakech Prefecture, as well as a 100,000-cu-metre irrigation basin in the town of Tameslouht in the Al Haouz Province.

Both projects form a vital part of a conversion programme currently being undertaken to establish drip irrigation across 4000 ha of agricultural land in the basin of the N’Fiss wadi – a river valley located in the Marrakech-Safi region. Costing Dh278m (€26m), 2300 farmers are expected to benefit from the project, which also aims to increase water savings by 30% per year, boost the average value of farmland from Dh16,000 (€1500) per ha to Dh40,000 (€3750) and create 480 jobs.

The initiative falls under Morocco’s 10-year development plan to tackle water stress: the National Water Saving Plan for Irrigation (Programme National d’Economie et de Valorisation de l’Eau en Irrigation, PNEEI). The PNEEI seeks to equip 550,000 ha with drip irrigation systems by 2020 and save up to 1.4bn cu metres of water annually.

Decreased rainfall lowers output

Providing farmers with more highly developed irrigation systems should help offset losses during volatile weather conditions, such as those seen in the 2015/16 agricultural season, when a severe drought caused a sharp contraction in crop yields.

Total harvest for Morocco’s four main cereals – soft wheat, durum wheat, barley and corn – fell roughly 70% year-on-year in 2015/16 to 33.5m quintals (a unit of weight equal to 100 kg), according to figures from the Ministry of Agriculture and Fisheries (MoAF).

Decreased output dealt a blow to the overall sector, which saw its contribution to GDP contract 9.8% in 2016, according to IMF estimates, following growth of 12.8% the previous year.

This had a negative impact on the overall economy, with GDP growth cooling to 1.1% last year from 4.5% in 2015, as per figures from the High Planning Commission.

Nevertheless, the outlook for agriculture appears more positive this year, with the IMF predicting that the sector’s GDP will bounce back to 10.8% growth.

Broadening the base

As in other countries in the Maghreb region, cereals constitute a key staple in Morocco, with annual per capita consumption at 173 kg in 2014 – higher than the global average of 152 kg.

Cereal grains cover 75% of Moroccan arable land, but are vulnerable to irregular rainfall. Therefore, to improve food security, Morocco has recently made efforts to expand the cultivation of other crop types.

One such move took place in February, when the UN’s Food and Agricultural Organisation (FAO) inked a technical cooperation agreement with the Hassan II Agronomic and Veterinary Institute to promote the production of quinoa – a seed that has a high tolerance to drought.

As part of the project, the FAO will work with Morocco in partnership with Peru – a country with an extensive history of quinoa cultivation – to facilitate knowledge transfer and the exchange of genetic material.

While the desire to “cultivate tens of hectares if not more” of quinoa exists in Morocco, according to the FAO press release accompanying the agreement, quinoa farmers have faced several challenges up until now, including difficulty extracting saponin from the seeds as part of processing the grains for human consumption.

Part of the larger picture

As the overarching framework behind these recent developments, the Green Morocco Plan (Plan Maroc Vert, PMV) has been a state priority since its implementation in 2008.

Through investments amounting to Dh174bn (€16.2bn), the PMV seeks to create 1.15m agricultural jobs and triple the income of 3m rural inhabitants by 2020.

The fruits of the PMV are already evident. Aziz Abdelali, general director of the National Office of Cereals and Legumes, told OBG last year that the decline in output from the most recent drought would have been more pronounced if not for the initiatives of the PMV. Local farmers also harvested twice the amount of cereal in 2015/16 compared to the 1994/95 season, when Morocco last experienced a drought of such severity.                                                 

In addition to somewhat shielding the agricultural sector from adverse weather conditions, the PMV has also been instrumental in attracting public and private investment. Between 2008 and 2015, capital inflows into the agricultural sector increased by 1.9%, amounting to Dh1.9bn (€177.9m), according to data from the MoAF.