Economic Update

Published 29 Oct 2015

In English

Les réformes économiques visant à revitaliser l’économie tunisienne prennent forme ; le gouvernement tente aujourd’hui d’atténuer les résistances tout en travaillant à concilier les exigences des acteurs nationaux et des prêteurs internationaux.

Ces réformes, qui comprennent entre autres un nouveau code d’investissement et l’augmentation des dépenses d’infrastructure, offrent une chance de stimuler une reprise économique plus importante et d’augmenter le niveau d’emploi, en particulier chez les jeunes tunisiens.

Un ciblage des investissements

Le gouvernement a déployé mi-septembre son Plan Stratégique du Développement 2016-2020  (PSD), incluant des réformes économiques et budgétaires radicales, et visant une croissance annuelle du PIB de 5 % au cours de cette période, alors qu’elle était en moyenne de 1,9 % lors du plan quinquennal précédent.

Le nouveau PSD prévoit une reprise progressive au cours des deux prochaines années et s’attend, sur la base d’estimations ambitieuses, à ce que la croissance du PIB connaisse une accélération à partir de 2018.

Le PSD prévoit une augmentation  des investissements publics de 50 % d’ici à 2020, pour atteindre 45 milliards de dinars tunisiens (20,5 milliards d’euros). L’investissement privé local augmenterait de 65 % pour atteindre 62 milliards de dinars tunisiens (28,3 milliards d’euros) et l’investissement direct étranger de 80 % et s’élèverait alors à 18 milliards de dinars tunisiens (8,2 milliards d’euros).

Un nouveau code des investissements, qui sera présenté avant la fin de l’année selon le Premier ministre Habib Essid, pourrait aider à susciter l’intérêt des investisseurs. La modernisation de l’administration du gouvernement et l’accent mis sur les partenariats public-privé devraient également lever les obstacles en matière d’activités commerciales.

Une approche à court terme

Générer de tels niveaux d’investissement prendra probablement du temps, mais d’autres sources de financement devraient pouvoir combler l’écart à court et moyen terme.

Début octobre, la Banque mondiale a annoncé un prêt de 500 millions de dollars destiné à financer les réformes économiques proposées, et dont l’accent portera sur la restructuration de ses prêteurs publics. Ce prêt fait suite aux 867 millions de dinars tunisiens (395,3 millions d’euros) de capital injecté plus tôt cette année dans la Société Tunisienne de Banque et dans la Banque de l’Habitat.

La Banque mondiale a également accordé à la Tunisie début octobre des conditions de crédit favorables sur 178 millions d’euros destinés à financer des projets de construction de routes dans plusieurs gouvernorats, ainsi que près d’1 million de dollars pour du conseil technique sur le projet, selon le ministère du développement, de l’investissement et de la coopération internationale.

Les investissements pourraient également être renforcés par la signature d’un nouvel accord de libre-échange avec l’UE. Celle-ci a lancé mi-octobre avec la Tunisie  des négociations qui pourraient aboutir à une expansion de l’Accord Euro-méditerranéen d’Association (AEMA), signé il y a près de deux décennies.

Contrairement à l’AEMA, qui concerne plutôt le commerce de marchandises, un nouvel accord de libre-échange pourrait apporter à la Tunisie des conditions préférentielles pour les échanges de services, ainsi que des réglementations plus souples pour les produits agricoles.

Modérer les demandes

Le gouvernement tunisien pourrait faire face à un difficile exercice d’équilibre des intérêts internes et externes au fur et à mesure de la mise en place de son programme de réforme. 

Le FMI a demandé à plusieurs reprises à la Tunisie de réduire les dépenses de l’Etat, attirant l’attention sur les 13,5 % du PIB consacrés aux salaires du secteur public (l’une des parts les plus élevées dans le monde). 

Selon Philippe Trape, économiste principal chargé de la Tunisie auprès de la Banque africaine de développement, le recrutement dans le secteur public depuis le soulèvement de 2011 a augmenté les coûts salariaux d’environ 75 %, ce qui équivaut à 38 % du budget du gouvernement. Alors que l’emploi public a été perçu comme un moyen de répondre à la demande sociale, P. Trape soutient que l’administration pourrait fonctionner plus efficacement avec la moitié du personnel actuel.

Cependant, le gouvernement est également confronté à des pressions des acteurs nationaux tels que l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), le plus grand syndicat du travail du pays, pour augmenter les salaires. 

Après un nouveau cycle de négociations ces derniers mois avec le syndicat, le gouvernement a décidé d’augmenter les salaires de 800 000 employés du secteur public en septembre, la deuxième augmentation de ce type cette année. Selon les rapports des médias, cela devrait coûter environ 1,2 milliard de dollars.

Dans une déclaration faite aux médias en octobre, H. Essid a précisé : « Nous sommes conscients que les réformes ont un prix, mais nous avons besoin de paix sociale dans la période à venir afin de pouvoir instaurer les changements urgents requis par une situation économique critique. »

Le FMI continuera à jouer un rôle clé dans le débat sur la réforme, la Tunisie souhaitant obtenir un nouveau programme de crédit de la part du prêteur à hauteur d’au moins 1,7 milliard de dollars, et qui pourrait être subordonné à de nouvelles réformes fiscales.

Lors d’une visite en Tunisie en septembre, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, a exhorté le pays à réduire son déficit budgétaire, qui a atteint un montant estimé à 5,8 % du PIB l’an dernier, et de diminuer la masse salariale du secteur public. 

Témoignant d’un pas dans cette direction, H. Essid a déclaré aux médias en septembre que le gouvernement envisage d’augmenter l’âge de la retraite en le faisant passer de 60 à 65 ans, ce qui pourrait aider à résoudre le déficit croissant du système de retraite.

 

 

Tunisia rolls out ambitious reform agenda

En Français

Economic reforms aimed at revitalising Tunisia’s economy are taking shape, as the government moves to mitigate headwinds while working to balance the demands of national stakeholders and international lenders.

The reforms, which range from a new investment code to increased infrastructure spending, offer a chance to stimulate a broader economic recovery and boost employment levels, particularly among Tunisia’s youth.

Targeting investment

In mid-September the government rolled out its Strategic Development Plan 2016-20 (Plan Stratégique du Développement, PSD), which included sweeping economic and fiscal reforms, targeting annual GDP growth of 5% over the period, compared to an average of 1.9% achieved under the previous five-year plan.

While the new PSD forecasts a gradual recovery in the coming two years, it predicts that GDP growth will ramp up from 2018, based on ambitious underlying assumptions.

The PSD expects public investment to rise by 50% by 2020, to reach TD45bn (€20.5bn), with local private investment to increase by 65% to TD62bn (€28.3bn) and foreign direct investment to expand by 80% to TD18bn (€8.2bn).

A new investment code – to be released before the end of the year, according to Prime Minister Habib Essid – could help restore investor interest, with modernisation of the government administration and a focus on public-private partnerships also expected to ease hurdles to doing business.

Short-term approach

While generating such elevated levels of investment will likely take time, other sources of financing are expected to bridge the gap in the near to medium term.

At the start of October the World Bank announced a $500m loan designed to finance the proposed economic reforms, with a focus on restructuring its state-owned lenders. This comes on the heels of a TD867m (€395.3m) capital injection into Société Tunisienne de Banque and Banque de l’Habitat earlier this year.

The World Bank also granted Tunisia favourable credit terms on another €178m in early October to fund road construction projects in several governorates, along with nearly $1m in aid for technical consulting on the project, according to the Ministry for Development, Investment and International Cooperation.

Investment could also be bolstered by the eventual signing of a new free trade agreement (FTA) with the EU. The bloc launched negotiations with Tunisia in mid-October, which could see an expansion of the existing Euro-Mediterranean Association Agreement (EMAA), signed nearly two decades ago.

Unlike the EMAA, which largely focuses on the trade of goods, an updated FTA could see Tunisia gain more preferential terms for trade of services, as well as looser regulations concerning agricultural products.

Competing interests

The Tunisian government could face a difficult balancing act of internal and external interests as it moves ahead with its reform agenda.

The IMF has repeatedly urged Tunisia to cut state spending, highlighting the 13.5% of GDP spent on public sector salaries – one of the highest levels in the world.

According to Philippe Trape, principle country economist for Tunisia at the African Development Bank, public sector recruitment since the 2011 uprising has increased wage costs by around 75%, equivalent to 38% of the government’s budget. While government employment was seen as a way of responding to social demands, Trape argues that the bureaucracy could function more efficiently with half as many staff.

However, the government is also facing pressures from domestic stakeholders, such as the country’s largest labour union, the Tunisian General Labour Union (Union Générale Tunisienne du Travail, UGTT) to increase wage spending.

After a new round of negotiations with the union in recent months, the government moved to increase the salaries of some 800,000 public sector employees in September – the second such increase this year. According to media reports, this is expected to cost around $1.2bn.

Speaking to media in October, Essid said, “We know very well reforms come at an expensive price, but we need social peace in the coming period to push ahead with urgent changes due to the critical economic situation.”

The IMF will continue to play a key role in the reform debate, with Tunisia seeking a new credit programme from the lender worth at least $1.7bn that could be contingent on further fiscal reforms.

In a visit to Tunisia in September, the IMF’s managing director, Christine Lagarde, urged the country to reduce its fiscal deficit, which reached an estimated 5.8% of GDP last year, and curb the public sector wage bill.

Signalling a move in that direction, Essid told media in September that the government plans to increase the retirement age from 60 to 65, which could help address the growing deficit in the pension system.

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