L’ouverture à Djibouti de trois ports au cours des deux derniers mois vient renforcer les efforts du pays qui cherche à accroître ses activités sur le marché du transit et du transbordement en Afrique de l’Est.
Cap sur le trafic maritime
Le Port Polyvalent de Doraleh, dont la construction a coûté 590 millions de dollars et duré deux ans, a été inauguré en mai, comme prévu, suite à d’importants travaux d’extension menés par l’entreprise de construction chinoise China State Engineering Corporation. Grâce à ces nouveaux équipements, le port, co-financé par l’Autorité des Ports et Zones Franches de Djibouti (DPFZA) et le groupe chinois public China Merchants Port Holdings, dispose d’une capacité annuelle de traitement de 8,8 millions de tonnes et s’étend sur une surface de 690 hectares avec 15 postes d’amarrage, d’une longueur de quai d’1,2 km chacun.
Le mois suivant, c’est le Port de Tadjourah qui a été inauguré. Situé dans le Golfe de Tadjourah, le port de 30 hectares, qui a nécessité un investissement de 90 millions de dollars, comporte un terminal destiné au traitement de la potasse – produit d’exportation clé de l’Ethiopie –, d’une capacité de 200 tonnes par heure. Parmi les autres équipements du port, on peut citer deux postes à quai de 435 mètres de longueur et un terminal roulier de 190 mètres.
S’exprimant dans les médias, le président de la DPFZA Aboubaker Omar Hadi a déclaré qu’à long terme, le port serait capable de traiter 35 % des marchandises en transit vers l’Ethiopie. « Tadjourah revêt donc une importance particulière, non seulement pour Djibouti mais pour la région toute entière, » a-t-il expliqué le mois dernier.
Une semaine à peine après le démarrage des activités du complexe portuaire de Tadjourah avait lieu l’inauguration officielle du Port du Goubet, dont le coût s’est élevé à 64 millions de dollars.
Ce port minéralier, dont la construction a été confiée aux Chinois de China Harbour Engineering Company, permettra à Djibouti d’exporter du sel et du gypse en provenance du lac Assal. Djibouti espère exporter 6 millions de tonnes de sel par an à partir de ce port, situé à quelque 40 km au sud du Golfe du Goubet, et qui peut accueillir des navires de 100 000 tonnes en lourd.
La prochaine étape dans la série de projets portuaires de Djibouti comportera notamment la construction d’un deuxième terminal à conteneurs à Doraleh, le Doraleh International Container Terminal. D’un coût de 640 millions de dollars, le port, qui s’étendra sur une superficie de 645 hectares et devrait être opérationnel d’ici 2020, verra sa gestion assurée par le Port de Djibouti et par la China Merchants Port Holdings.
Ambitions internationales
De par son emplacement, Djibouti offre un accès facile à de nombreux marchés africains émergents marqués par une forte croissance, dont l’Ethiopie, marché de 95 millions de consommateurs, qui dépend de Djibouti pour plus des neuf dixièmes de son commerce extérieur. C’est l’un des premiers facteurs qui sous-tendent l’intérêt de la Chine pour les infrastructures de transport du pays.
Ce dernier se trouve également sur la route d’environ 60 % du trafic maritime mondial, – le long de ses côtes passent notamment de grandes voies maritimes reliant l’Europe, le Moyen-Orient et l’Asie – et à un carrefour crucial de la Maritime Silk Road, le segment maritime de l’ambitieux projet chinois, qui se chiffre à plusieurs milliards de dollars, de créer une nouvelle route de la soie pour le transport de marchandises.
C’est la raison pour laquelle la Chine procède à des investissements massifs à Djibouti. Outre sa contribution au financement et à la construction des installations portuaires inaugurées récemment, la Chine prévoit également la création de nouveaux entrepôts et bureaux au sein de la zone franche de Djibouti, la Djibouti Free Trade Zone. Les travaux, dont le coût est estimé à 7 milliards de dollars et la date de livraison finale prévue dans dix ans, devraient être assurés par la société China Merchants Port Holdings, qui a signé en 2015 un contrat avec la DPFZA.
Les dépenses d’infrastructures ont porté leurs fruits. Le pays a gagné 20 places dans l’Indice de Performance Logistique de la Banque Mondiale entre 2014 et 2016, par exemple, passant de la 154ème à la 134ème place. Les investissements réalisés dans les ports de Djibouti ont également été répertoriés comme constituant un moteur essentiel de l’économie cette année dans le budget de l’Etat, qui prévoit une croissance du PIB de 7 % – contre 6,5 % l’an dernier.
La concurrence en matière de trafic maritime est toutefois à la hausse avec d’autres acteurs régionaux, en particulier à l’heure où l’Ethiopie – qui affichait en 2016 une croissance du PIB d’environ 8 %, selon le FMI – cherche à accroître son accès à la mer. En avril, par exemple, le pays a signé un contrat portant sur l’acquisition d’une participation de 19 % dans le Port de Berbera dans le Somaliland, au nord de la Somalie, lui assurant un droit d’accès et d’utilisation.
La Tanzanie et le Kenya voisins investissent eux aussi des milliards dans la modernisation et l’ouverture de nouveaux ports, dans le but de doper leurs activités de transit et de transbordement vers les marchés régionaux.
Djibouti opens three ports in two months
The opening of three new ports over the past two months is bolstering Djibouti’s efforts to increase its share of transit and trans-shipment traffic in East Africa.
Maritime drive
In May the $590m Doraleh Multipurpose Port was officially inaugurated on schedule after two years of construction, following major expansion works by the China State Construction Engineering Corporation. The upgraded port, which was backed by the Djibouti Ports and Free Zone Authority (DPFZA) and state-owned China Merchants Port Holding, has a total annual capacity of 8.8m tonnes, spanning 690 ha with 15 berths, each of which is 1.2 km in length.
The following month saw the opening of the $90m Tadjourah Port. Located in the Gulf of Tadjourah, the 30-ha port includes a facility for handling 200 tonnes per hour of potash – a key Ethiopian export. The port’s other facilities include two linear quays of about 435m in length and a 190-metre roll-on/roll-off terminal.
Aboubaker Omar Hadi, chairman of the DPFZA, told the media that longer term, the port would have the capacity to handle 35% of all goods heading for Ethiopia. “This makes Tadjourah not only significant for Djibouti but the wider region,” he said last month.
Just one week after the Tadjourah facility became operational, the country also formally opened the $64m Goubet Port.
Built by China Harbour Engineering Company, the mineral port will enable Djibouti to export salt and gypsum deposits from Lake Assal. Djibouti is targeting exports of 6m tonnes of salt annually from the port, which is located some 40 km south of the Gulf of Goubet and has the capacity to berth vessels of 100,000 deadweight tonnage.
The next phase of Djibouti’s port project pipeline involves the construction of the $640m, 645-ha Doraleh International Container Terminal, which is expected to be operational by 2020 and will be run by the Port of Djibouti and China Merchants Port Holdings.
International ambitions
Djibouti’s location provides easy access to many of Africa’s fastest-growing frontier markets – including 95m-person Ethiopia, which relies on Djibouti for more than nine-tenths of its external trade – and has been one of the primary factors underpinning China’s interest in its transport infrastructure.
The country also lies on the route of approximately 60% of global maritime traffic, – including major shipping lanes between Europe, the Middle East and Asia – and at a critical junction on the Maritime Silk Road, the sea segment of China’s ambitious, multibillion-dollar transport corridor project.
As a result, China has been investing heavily in Djibouti. In addition to helping finance and build the recently opened port facilities, plans also include creating new warehouse and office space alongside the Djibouti Free Trade Zone. China Merchants Port Holdings is set to lead construction on the $7bn, 10-year project, having signed a 2015 agreement with the DPFZA.
The infrastructure spending has borne fruit. The country jumped 20 places in the World Bank’s Logistics Performance Index between 2014 and 2016, for example, moving up from 154th position to 134. Capital investment in Djibouti’s ports was also listed as a key driver of the economy this year in the government’s budget, in which it predicted a GDP growth rate of 7% – up from 6.5% last year.
However, competition for maritime traffic from other regional players is on the rise, particularly as Ethiopia – with a GDP growth rate of around 8% as of 2016, according to the IMF – looks to increase its access to the sea. In April, for example, it secured 19% access and usage rights at Somaliland’s Berbera Port in northern Somalia.
Nearby Kenya and Tanzania are also both investing billions into upgrading and inaugurating new ports, with the objective of expanding their share of transit and trans-shipment trade to regional markets.